Haïti un État de merde ? Et si Donald Trump était un trou du cul qui dit mal la vérité ?

Lettre ouverte à mes compatriotes Haïtiens

Chers frères et soeurs Haïtiens,

Tout comme vous, j’ai reçu les propos de Donald Trump du jeudi 11 janvier dernier sur notre Haïti natale comme un coup de poing sur la gueule. J’étais sonné. Déstabilisé. D’autant que ses propos indélicats et malveillants ont été tenus à la veille du 8e anniversaire du terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010. J’ai honte. Je suis indigné. Choqué. Et dans mon indignation, je n’hésite pas une seule seconde à rendre le coup pour le coup à ce trou-du-cul-de président-des-États-Unis-d’Amérique. Soyons clairs ! Les propos de Trump sont racistes. Xénophobes. Ingrats. Inhumains. Indélicats et indignes de la fonction qu’il occupe. Tout comme vous, je les condamne. Or, cette nécessaire indignation une fois exprimée, je vous invite, mes chers frères et soeurs à un pas de plus…

Je m’explique.

Si quelqu’un me traite de « fils de pute », je lui pète instantanément la gueule; fût-il Donald Trump! Cela, sans hésitation aucune. Cependant, si cette formule « fils de pute » revient sur les lèvres de tous ceux et celles qui croisent mon chemin, en plus de m’indigner, il faudra me prêter à une réflexion en tant qu’adulte. Je m’explique.

Si je réalise qu’effectivement, ma mère fait le trottoir tous les jours au centre-ville et qu’elle couche avec des hommes contre de l’argent; en plus de m’indigner, il me faudra poser des actions concrètes pour sortir ma mère de cette indélicate et vulnérable position. Dans cette perspective, posons-nous quelques questions−que dis-je, deux questions− au gré du contexte immédiat:

1- Le peuple haïtien est-il de la merde ?

Non. Au fait, je ne connais pas de peuple plus fier et plus digne que l’Haïtien. Je le dis sans chauvinisme aucun. Notre héroïque histoire l’illustre incontestablement.

2- Haïti est-il un pays, c’est-à-dire, un État de merde ?

Ayons le courage et l’intégrité intellectuelle de répondre que « oui ». Le mot étant lâché, Il importe donc de faire ou de refaire le distinguo entre la population haïtienne, qui est un peuple fier et l’État haïtien, qui est un État corsaire, rapace, kleptocrate et répugnant.

À titre d’exemples non exhaustifs, est-ce normal, qu’après 214 ans d’indépendance, la majorité des Haïtiens ne sachent ni lire ni écrire ? Est-ce normal que la majorité des Haïtiens n’aient pas accès à l’eau potable ? Est-ce normal que la majorité des Haïtiens ne travaillent pas ? Est-ce normal que la majorité des Haïtiens n’aient accès ni à l’électricité, ni aux soins de santé, ni à la justice ? Est-ce normal que la majorité des Haïtiens veuillent− et cherchent à− laisser le pays par tous les moyens et vers toutes les destinations possibles ? Est-ce normal que la plupart des villes du pays et la capitale en particulier soient devenues une poubelle à ciel ouvert ? Je pourrais décliner les questions du même type à l’envi. Soyons honnêtes ! C’est précisément tout cela que le trou-du-cul-de-président-des-États-Unis-d’Amérique appelle « un pays de merde ». Son diagnostic est cru. Il est vulgaire (On parle comme on est: « Le langage est la maison de l’être », dixit Heidegger!), mais admettons qu’il a raison. Cela me fait chier…; mais, il n’a pas tort.

La vérité est que tous les diplomates accrédités en Haïti et tous les politiciens étrangers qui vont en Haïti pensent la même chose de l’État Haïtien: « un État de merde »! Donald Trump, le trou-du-cul, dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Ne nous en déplaise!

3- Leçons à retenir

En plus de nous indigner, nous devons poser des actions concrètes pour sortir notre mère Haïti de sa situation de merde dont les élites nationales et la communauté internationale sont solidairement et conjointement responsables. Qu’Haïti soit un pays de merde; les États-Unis d’Amérique, la France et le Canada, entre autres, sont responsables.

Qu’Haïti soit un pays de merde; les élites économiques, politiques et intellectuelles nationales sont responsables de sa situation. Arrêtons de nous plonger la tête dans le sable comme l’autruche, pour éviter de voir venir le malheur. Évitons le déni. Un déni qui dure depuis 214 ans est pathologique. De plus, si nous ne faisons que nous indigner, nous risquons d’être complices des élites nationales responsables de nos malheurs.

Indignons-nous contre Trump oui; mais aussi contre nos élites politiques, économiques et intellectuelles

Notez bien que tandis que nous nous indignons, les élites nationales s’enferment dans un silence impénétrable. Pourquoi ? Parce qu’elles ont peur de perdre leur résidence ou leur visa américain, parce que leurs comptes bancaires sont aux États-Unis, parce qu’elles vont à l’hôpital aux États-Unis, parce que leur famille vit aux États-Unis, parce qu’elles ont des villas aux États-Unis, parce que leurs enfants vont à l’école aux États-Unis, parce qu’elles font leur épicerie aux États-Unis, parce qu’elles investissent aux États-Unis. Indignos-nous contre Trump oui; mais aussi contre nos élites politiques, économiques et intellectuelles.

La population haïtienne doit désormais exiger que les élites oeuvrent au relèvement du pays et pour le plus grand bien du plus grand nombre. Poursuivons et chassons les corrompus et les corrupteurs, les kleptomanes et les kleptocrates! Et que cette nécessaire révolution advienne enfin.

Votre frère,
Jean Fils-Aimé

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