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Élections : les partis doivent viser l’augmentation de l’immigration

La majorité des groupes d’affaires de la région métropolitaine de Montréal est d’avis que les différents partis politiques du Québec doivent augmenter les objectifs d’immigration. Les gens d’affaires réclament que les partis s’engagent à augmenter les objectifs d’immigration s’ils sont élus le 3 octobre, malgré le fait que la défense de l’immigration a toujours été difficile à vendre dans la province.

La capacité de la province d’intégrer efficacement les nouveaux arrivants ne doit pas être utilisée comme prétexte à la réduction des cibles d’immigration

Un grand nombre d’entreprises québécoises a du mal à trouver des travailleurs dans plusieurs secteurs névralgiques. La pénurie de main-d’œuvre oblige ces dernières à payer des salaires plus élevés, à laisser des contrats inachevés ou à réduire la qualité de leurs services.

La question de la disponibilité des travailleurs est le problème majeur commun invoqué par les entreprises interrogées sur les risques ou les obstacles à leur croissance voire à leur survie éventuelle.

Selon les statistiques, 7% des entreprises montréalaises ont déclaré être touchées par la pénurie de main-d’œuvre. Les impacts cités comprennent :

– des pressions salariales (72%),

– l’incapacité de répondre à la demande (58%)

– un ralentissement de la production (44%).

Ainsi, les partis en lice pour former le prochain gouvernement devraient augmenter les objectifs d’immigration pour aider à combler des milliers d’emplois vacants dans la province. Selon les données récentes recueillies par Statistique Canada, 957 500 postes étaient à pourvoir au Canada au premier trimestre de 2022. Au Québec on en dénombrait 224 370.

Les préoccupations relatives à la langue française sont au cœur du discours politique au Québec

La plupart des partis — en particulier la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui est en avance confortable dans les sondages au moment d’écrire ce texte — ne veulent pas accroître le nombre d’immigrants, parce qu’ils craignent que le gouvernement n’ait pas les ressources nécessaires pour les intégrer convenablement. Mais il faut comprendre que le discours a changé au cours des quatre années qui ont suivi l’élection de la CAQ sur la promesse de réduire l’immigration et le besoin de travailleurs ne peut plus être ignoré et se fait sentir dans tous les secteurs de l’économie.

Afin de remédier à cette situation, les groupes d’affaires du Québec réclament depuis des années des objectifs plus élevés. L’inquiétude concernant la langue au sein de la classe politique s’est accrue ces derniers jours après la publication de données de recensement montrant que le pourcentage de résidents du Québec qui parlent principalement le français à la maison a baissé à 77,5% en 2021, contre 79% en 2016. Le pourcentage de résidents du Québec dont la première langue officielle est l’anglais a augmenté à 13% en 2021, contre 12% en 2016.

Jusqu’à présent, le Parti libéral du Québec (PLQ) est le seul grand parti à s’engager officiellement à augmenter les objectifs d’immigration s’il est élu cet automne. Il a limité à 70 000 le nombre d’immigrants par an pendant qu’il travaille à la conclusion d’accords avec les régions du Québec pour déterminer leurs besoins réels en matière d’immigration.

Le parti au pouvoir, la CAQ, a maintenu ses objectifs d’immigration permanente entre 49 500 et 52 500 au cours des quatre dernières années, invoquant la nécessité d’intégrer correctement les nouveaux arrivants et de veiller à ce qu’ils apprennent le français.

L’arriéré massif du système d’immigration canadien fait en sorte que certains attendent des années avant de retrouver leur famille. Le parti au pouvoir, la CAQ, a maintenu ses objectifs d’immigration permanente entre 49 500 et 52 500 au cours des quatre dernières années, invoquant la nécessité d’intégrer correctement les nouveaux arrivants et de veiller à ce qu’ils apprennent le français. La province doit accepter près de 70 000 immigrants cette année pour rattraper son retard après avoir échoué à atteindre son objectif pendant la pandémie de COVID-19, mais la CAQ n’a pas encore annoncé s’il augmenterait les limites de façon permanente s’il est réélu pour un second mandat.

De son côté, le Parti conservateur du Québec (PCQ) a promis de réduire progressivement les niveaux d’immigration tout en travaillant à augmenter l’automatisation et le taux de natalité au Québec. Le Parti québécois (PQ), quant à lui, n’a pas publié son programme, mais son chef s’est dit inquiet qu’un afflux de nouveaux arrivants mette en péril le statut du français dans la province.

Les salaires ont toujours été plus bas au Québec qu’en Ontario et il y a un besoin de rattrapage. Ni les salaires plus élevés ni les programmes visant à retenir et à recycler les travailleurs actuels ne suffiront à eux seuls à compenser les réalités d’une population vieillissante et d’une économie sensiblement en plein essor. Une partie du blâme revient au gouvernement fédéral qui devra remédier aux retards dans l’octroi de permis aux travailleurs qui ont été sélectionnés par la province et faciliter l’arrivée des étudiants étrangers.

Devant cette réalité qui commence à coûter cher à l’économie et menace la fermeture de centaines voire de milliers d’entreprises, aucun des partis susceptibles de former le prochain gouvernement devrait viser la réduction de l’immigration dans sa campagne électorale. Ceux qui veulent le faire seront certes confrontés aux propriétaires d’entreprises, ainsi qu’à leurs employés. La capacité de la province d’intégrer efficacement les nouveaux arrivants ne doit pas être utilisée comme prétexte à la réduction des cibles d’immigration.

Texte de André Gerges, B.B.A, MPA, Mini-MBA, Ph.D., coordonnateur scientifique et chercheur associé (York University), professionnel de recherche (Université Laval), consultant en management et gestion de projets

source : L’Actualité – Août 2022 |  Institut Neoquébec

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