Le 20 septembre prochain, les électrices et électeurs canadiens sont appelés aux urnes pour élire les députés fédéraux. De ce scrutin découlera le nouveau gouvernement du Canada, puisque la Gouverneure Générale, Mary Simon, a sur demande du Premier ministre actuel Justin Trudeau, dissous la législature actuelle.
Connue comme 43ème législature de la Chambre des communes, elle a siégé du 5 décembre 2019 au 15 août 2021 et comptait en son sein 338 députés dont 78 venu.e.s du Québec et répartis dans quatre partis : le Nouveau parti démocratique (NPD); le Parti conservateur du Canada (PCC); le Bloc Québécois (BQ) et le Parti Libéral du Canada (PLC).
Dans la cohorte québécoise sortante, soit 78 députés, on dénombre seulement 10 députés neoquébécois.e.s, selon nos critères (*).
- Rachel Bendayan (Outremont)
- Anju Dhillon (Dorval – Lachine – Lasalle)
- Emmanuel Dubourg (Bourassa)
- Fayçal El-Khoury (Laval Les Iles)
- Greg Fergus (Hull – Aylmer)
- Emmanuelle Lambropoulos (St-Laurent)
- Soraya Martinez Ferrada (Hochelaga)
- Alexandra Mendès (Brossard St-Lambert)
- Pablo Rodriguez (Honoré-Mercier)
- Sameer Zuberi (Pierrefonds)
Deux faits saillants ! D’une part , les 10 députés sortants sont issu.e.s exclusivement du … Parti libéral du Canada et sont quasiment tou.te.s des élu.e.s de la région de Montréal, excepté Greg Fergus qui est de Hull-Aylmer. D’autre part, les trois autres partis politiques fédéraux représentés à la Chambre des Communes à Ottawa n’ont aucun.e élu.e au Québec qui soit neoquébécois.e :
– le Nouveau Parti Démocratique (NPD) : 0/1
– le Parti Conservateur du Canada (PCC) : 0/10
– le Bloc Québécois (BQ) : 0/35
Quelques questions s’imposent :
– Peut-on penser dans le reste du Canada (ROC), l’intégration des minorités dans la société favorise leur implication citoyenne et politique mieux qu’au Québec ?
– Est-ce que l’absence d’éducation à la citoyenneté, la méconnaissance du système politique, la complexité et l’imbrication des systèmes électoraux participent au désintérêt des neoquébécois.e.s pour les élections fédérales ?
– Comment le Bloc Québécois, passés les parenthèses Maka Kotto (2004 – 2008) et Vivian Barbot (2006 – 2008), n’arrive-t-il pas à faire élire des neoquébécois.e.s ? Pourquoi présenter ces candidat.e.s néoquébécoises dans des circonscriptions « perdues d’avance » ?
– Que dire du NPD ? Comment ce parti progressiste, écologiste, beaucoup plus proche des aspirations des plus démunis n’arrive pas à transformer le capital sympathie auprès des neoquébécois.e.s en candidatures fortes ou au minima en votes ?
– Le parti libéral du Canada fait-il autant d’efforts au Québec qu’il en fait dans le ROC pour attirer des sympathisants, militants et – qui sait- des candidatures plus nombreuses issues des nouvelles composantes de la population québécoise ?
Quel.le.s sont les candidat.e.s neoquébécois.e.s pour les élections fédérales du 20 septembre 2021 ? Cliquez ici :
(c) Neoquébec (Août 2021)
Merci @neoquebec pour cette analyse pertinente. La responsabilité du faible taux d’élection repose en partie sur les partis politiques (candidats poteau, financement inférieur, …) mais il faut aussi tenir compte d’autres variables puissantes au Québec. Un parti comme le Bloc Québécois assoie son pouvoir sur les sentiments anti-immigration (pour utiliser le terme le moins fort possible) d’une partie de l’électorat québécois pour qui les différences doivent être invisibles sinon elles seraient un péril à l’identité québécoise. D’ailleurs, c’est pour cette raison que Maria Mourani a quitté le BQ. Le NPD a perdu la majorité de ses députés québécois dont plusieurs néoquébécois en 2015 lorsque Mulcair a refusé de se laisser emporter par la vague d’islamophobie que les Conservateurs avaient suscité et que le Bloc avait “boosté” au Québec. Ensuite, en 2019, le NPD a été puni par les Québécois pour s’être doté d’un chef qui porte un signe religieux. Ainsi, dans le cas du NPD l’attitude d’une partie de l’électorat québécois envers les personnes racisées est directement responsable de la chute de ses appuis. Le cas du parti Libéral est aussi intéressant. C’est un parti qui traditionnellement est ouvert au multiculturalisme, ce qui n’a pas bonne presse au Québec. Pour garder ses appuis au Québec, le PLQ sait bien jongler la situation: les députés néoquébécois ont une chance de se faire élire dans la région de Montréal où les mentalités sont différentes, mais seul un homme blanc, Pablo Rodriguez, a été nommé ministre ou obtenu des fonctions exécutives importantes. En ce sens, il faut aller plus loin dans l’analyse critique pour se demander quel parti est prêt à donner l’occasion aux Neoquébécois d’influencer réellement les décisions politiques.