Dunkerque

Je trouve cette affiche phobogène et raciste

 » -Est-ce que tu crois qu’une ville entière peut se tromper ? Une ville tout entière, avec ses pasteurs et ses curés, avec ses médecins, ses avocats et ses artistes, avec son maire et ses adjoints et ses associations de bienfaisances ? Est-ce que tu le crois ?

-Non. Non. Non »

Cet extrait de « La putain respectueuse » de l’intellectuel français Jean-Paul Sartre me percute à chaque fois que je vois tout un monde – et cela dure depuis longtemps – ne pas comprendre ce que cela fait d’être un « problème », ou pour rester sartrien, un objet phénoménologique.

L’an dernier, le film « Dunkerque » de Christopher Nolan occultait déjà la présence de troupes noires, y compris certains de nos grands-pères qui ont été coulés dans la Manche en procédant à l’évacuation de cette ville coincée entre la mer et l’avancée de l’armée allemande en 1940. Ici, c’est le carnaval de Dunkerque qui remet une couche de peinture avec sa « Nuit des Noirs ». La tradition négrière de cette ville portuaire semble resurgir derrière la question migratoire vaguement sous-entendue comme but « humanitaire » de la recette, avec des « billets vendus par les noirs ». Il y a sans doute des personnes qui déplorent tout cela.

Néanmoins, il est évident que si des personnes (vraiment) noires décidaient de faire une « Nuit des Noirs » dans l’espace public, toute la clique bien connue crierait au communautarisme et au racisme anti-blanc. Un Benzema qui se déguiserait en Astérix, je n’imagine même pas comment cela serait perçu… Ce qui est sous-entendu, c’est aussi que le seul « communautarisme noir » acceptable, festif et décontracté est celui de blancs grimés, en gros qu’un bon noir est blanc à l’intérieur, et que les noirs n’ont vraiment pas d’humour car franchement, non, il ne faut pas voir du racisme partout, en plus ils ont pris la précaution de ne pas utiliser le mot « black ». Le but du sous-entendu est de maintenir un complexe de domination, d’infériorité phobogène.

Nous avons compris qu’en tant que personnes noires nous dégageons dans les imaginaires traditionnels européens quelque chose de fondamentalement phobogène (Se dit d’un objet, d’une situation, d’un individu, d’un animal, qui n’ont pas, en eux-mêmes, de caractère objectivement dangereux, mais déclenchent, chez certaines personnes dites phobiques, une crainte angoissante et souvent des conduites particulières, surtout d’évitement.) et en même temps désirable (dans le sens d’appropriable, comme un chiot, un esclave) mais cette affiche est juste l’exemple d’un pays – et même d’un monde occidental – dont toute la communication publique se fonde sur des incivilités envers ceux qui ne sont jugés bons qu’à amuser la galerie ou boucher les trous.

En bref, c’est aux personnes visées [nous] de se former culturellement, se construire économiquement et s’organiser politiquement. Pour l’Afrique et la Caraïbe émancipées. Malcolm X le disait, tant que l’Afrique ne sera pas respectée, peu importe l’importance que vous vous donnez, vous n’obtiendrez aucun respect. Don’t Agonize, Organize. Pour rejoindre la Ligue panafricaine – LP-Umoja dans ce but : https://lpufrance.wufoo.com/…/fiche-dadhasion-ligue-panafr…/

par/by Amzat Boukari

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