Elina Timsit, une personnalité marquante du milieu de l’édition au Québec, dévoile en profondeur son parcours, ses motivations et ses engagements. Fondatrice de la maison d’édition Prolepse, créée en 2016, Elina Timsit met en avant une approche féministe et inclusive. Sa maison d’édition Prolepse, créée en 2017, se démarque par son objectif de promouvoir un avenir plus diversifié et équitable, tout en adoptant une politique unique de gratuité des services éditoriaux pour les auteurs, s’opposant ainsi aux pratiques courantes de nombreuses maisons d’édition traditionnelles.
Elina Timsit explique qu’avant de fonder les éditions Prolepse, elle travaillait de manière autonome dans les domaines de la communication et du marketing. Cependant, son intérêt pour l’édition et le désir de travailler dans un domaine en accord avec ses valeurs l’ont poussée à créer sa propre maison d’édition après avoir constaté le manque de représentativité et d’opportunités dans les maisons d’édition existantes. Sa formation en édition professionnelle à l’Université de Sherbrooke et ses diverses expériences dans des maisons d’édition ont également contribué à sa décision.
L’édition féministe et inclusive
ELINA TIMSIT – photo : ML Kounkou
Prolepse se veut une maison d’édition féministe et inclusive. Pour Elina Timsit, « le féminisme ne se limite pas à la publication de femmes, mais englobe toutes les personnes subissant des oppressions systémiques, y compris les hommes ». Elle mentionne la publication d’auteurs de diverses origines et situations, comme des personnes en situation de handicap ou des personnes racisées, afin de donner une voix à ceux qui sont souvent marginalisés dans la société.
Le rôle d’accompagnante en écriture créative
En plus de son rôle d’éditrice, Elina Timsit est accompagnante en écriture créative, aidant les auteurs depuis l’idée initiale jusqu’au manuscrit final. Elle distingue cette fonction de celle d’éditrice qui commence après la rédaction du manuscrit. Et de mettre l’accent sur la connaissance de soi et la compréhension du fonctionnement du cerveau pour améliorer l’écriture et la communication avec les lecteurs. Elle évoque l’importance des neurotransmetteurs, comme la dopamine et l’endorphine, dans le processus créatif.
La responsabilité morale de la littérature
Elina Timsit considère que la littérature doit « élever les consciences » et enrichir la perception du monde. Elle affirme que toute personne écrivant a une responsabilité morale envers les lecteurs. Elle se méfie des écrits visant à blesser ou discriminer et estime que la littérature doit combattre les oppressions et non les perpétuer. Pour elle, les mots ont un pouvoir significatif, pouvant influencer la réalité et les perceptions des lecteurs.
La diversité dans le milieu littéraire québécois
À la fin du mois de mai dernier, elle a posté un texte sur le réseau social LinkedIn dans lequel, elle se posait la question de savoir « si le milieu de l’édition au Québec était trop blanc ? » Elle y répond sans ambages par l’affirmative.
Elina Timsit critique le manque de diversité dans le milieu littéraire québécois, notant que très peu d’auteurs et d’autrices racisés sont publiés ou reconnus. Elle souligne l’importance de la représentativité et de l’inclusion dans les maisons d’édition pour refléter la diversité de la société québécoise. Elle déplore que beaucoup de manuscrits d’auteurs racisés soient ignorés et appelle à une plus grande ouverture et à des initiatives pour soutenir ces auteurs.
Et pour y remédier – à ce manque de diversité _ Elina Timsit propose plusieurs solutions, notamment l’utilisation des réseaux sociaux pour se faire connaître, l’autoédition, et la création d’événements littéraires pour donner de la visibilité aux auteurs marginalisés. Elle mentionne des initiatives comme la librairie Racine et les événements organisés par Maguy Métellus comme des exemples positifs.
En conclusion, l’entrevue entre Elina Timsit et Cyrille Ekwalla se termine par une discussion sur l’importance du numérique comme plateforme potentielle pour les auteurs marginalisés. Bien que le marché du livre numérique ne soit pas encore dominant, il offre des opportunités pour les auteurs de se faire connaître et de publier leurs œuvres. Timsit encourage les auteurs à oser et à utiliser toutes les ressources disponibles pour surmonter les barrières existantes dans le milieu de l’édition.
Pour écouter l’interview :
En somme, l’entrevue avec Elina Timsit offre un aperçu détaillé de son parcours, de ses valeurs et de ses initiatives pour promouvoir la diversité et l’inclusion dans le milieu littéraire. Elle incarne une vision d’un futur plus juste et équitable pour tous les auteurs, quelles que soient leurs origines ou situations.
Pour plus d’informations : https://editions-prolepse.com/
(c) : Neoquebec Medias – juin 24
