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LUEDJI LUNA, UNE ÉTOILE MUSICALE MONTANTE DU BRÉSIL

Lorsque Luedji Luna, fille de Bahia au Brésil se présente, elle y va avec « chanteuse, compositrice et mère de Dayo ». En effet, Luedji nous a parlé de son premier fils qu’elle a eu durant la pandémie. Comme elle ne pouvait pas fêter son premier anniversaire à cause des restrictions liées au COVID, elle lui a écrit une chanson à la place. « Je suis toujours en train d’apprendre à gérer ma vie d’artiste et ma vie de mère. C’est un grand défi et c’est épuisant, mais j’aime mes deux boulots. Oui, être une mère c’est aussi du boulot », me confie-t-elle au cours d’une entrevue lors de son passage au Théâtre Fairmount le 14 juillet dernier.

À plusieurs reprises durant le spectacle où elle était toute de noir vêtue , avec des bottes d’un gris électrique, la brésilienne n’a eu cesse de revenir sur ce même bout de phrase : « Comme je suis compositrice, alors j’ai écrit sur… », et elle complétait avec son propos, sous les rires du public. Autrement dit, elle s’inspire de son vécu, de ses expériences pour nourrir sa musique, mêlant à la fois des rythmes afro-brésiliens, du jazz et du blues.

 

Luedji Luna a quitté son Bahia natal pour São Paulo en 2015 dans le but de lancer sa carrière professionnelle, et c’est exactement ce qui s’est passé. Ses apparitions au célèbre Tiny Desk Meets Afro et à Colors l’ont propulsé au niveau international. « J’ai eu beaucoup d’opportunités après avoir été sur ces plateformes ! » avoue-t-elle.

Interrogée sur le morceau Ain’t got no inspiré de Nina Simone, qui figure dans son plus récent album Bom Mesmo É Estar Debaixo d’Àgua (C’est vraiment bien d’être sous l’eau), elle répond : « Nina Simone dit qu’un.e artiste doit refléter son époque. La musique est tellement puissante, elle devrait être utilisée pour changer la société, au lieu d’être juste du divertissement », affirme-t-elle.

Et là apparaît une autre facette de Luedji Luna : son militantisme afro-féministe. Née de parents impliqués dans le mouvement noir à Salvador, Luedji a grandi en étant sensibilisée aux enjeux de lutte, de politique et de révolution. La musique lui a servi de courroi de transmission. Lorsque questionnée sur la place des femmes noires dans les arts au Brésil : « Je vois une évolution, oui, mais l’iniquité entre les artistes blancs et noirs demeure un enjeu majeur, particulièrement au Brésil ».

Un fait incontestatble est la présence de plus en plus grande d’artistes brésiliens noirs dans les salles de concert montréalaises. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Que ce soit Bia Ferreira qui était à Toronto il y a quelques jours, Luedji Luna et bientôt le rappeur Emicida en septembre, on remarque une plus grande diversité dans l’offre de concerts. Cela s’explique probablement par l’arrivée de nouveaux joueurs dans l’arène artistique. Et ce pour le bénéfice du public montréalais.

Un public avec lequel Luedji Luna a su « jouer » lors de son spectacle au Théatre Fairmount :  » Y a-t-il beaucoup de Brésiliens dans la salle ? «  a-t-elle par exemple demandé à un moment du concert; et lorsque la quasi-totalité de la salle a levé le bras, elle a renchéri avec un grand rire :  » Alors, on va parler en portugais si ça vous va. Je ne parle pas bien le français. »

(c) Sandra Gasana – Neoquébec / Août 2023

 

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