Peut-on enfin espérer une résolution du conflit armé dans la zone anglophone (ouest) du Cameroun ? Au Canada, l’espoir est de mise si l’on se fie au communiqué émis vendredi 20 janvier 2023 par Mélanie Joly, ministre des Affaires Étrangères du Canada.
« Le Canada a accepté de jouer un rôle de facilitateur dans ce processus, dans le cadre de son engagement à promouvoir la paix et la sécurité et à faire progresser le soutien à la démocratie et aux droits de la personne. Ce rôle témoigne également de la détermination du Canada à travailler avec ses partenaires africains pour bâtir un avenir meilleur pour tous. »
Selon le quotidien La Presse, c’est au cours de l’été 2022 que le gouvernement a fait appel officiellement au Canada pour jouer le rôle de médiateur dans le conflit qui l’oppose depuis 2016 aux forces séparatistes anglophones. Selon d’autres sources, des pourpalers secrets avaient déjà lieu entre diverses parties prenantes au conflit bien avant l’été. Le Canada a financé des rencontres qui ont eu lieu en Suisse en 2021.
Les parties à cet accord – qui se sont tenues dans les villes de Montebello, de Mont-Tremblant et de Toronto – sont la République du Cameroun, le Conseil de gouvernement de l’Ambazonie et les Forces de défense de l’Ambazonie, le Mouvement populaire de libération de l’Afrique et les Forces de défense du Sud-Cameroun, le gouvernement intérimaire, ainsi que l’Équipe de coalition de l’Ambazonie.
Et la ministre Mélanie Joly n’a pas omis de mettre en avant les pertes humaines que ce conflit a déjà provoqué, notamment pour les populations civiles :
« Les civils sont les plus touchés par la crise actuelle au Cameroun. Plus de 6 000 personnes ont perdu la vie depuis 2017. En outre, près de 800 000 personnes ont été déplacées en raison de cette crise, et 600 000 enfants n’ont pas pleinement accès à l’éducation. »
Les tensions historiques qui couvaient dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ont dégénéré en conflit armé en 2017 entre les forces gouvernementales et le mouvement revendiquant l’indépendance de la « république fédérale d’Ambazonie ».
D’un côté, les groupes séparatistes armés enlèvent, terrorisent et tuent des civils, commettent des viols, brûlent des écoles ou ordonnent leur fermeture, a dénoncé en juin dernier le groupe Human Rights Watch; de l’autre côté, il faut relever les réactions des organisations civiles qui ont fortement dénoncé la réaction disproportionnée de l’armée nationale du Cameroun.
Le conflit a fait plus de 6000 morts et 765 000 déplacés, dont 70 000 ont trouvé refuge au Nigeria ; plus de 600 000 enfants ne peuvent par ailleurs plus fréquenter l’école, selon l’International Crisis Group. Des chiffres que le gouvernement camerounais minimise et réfute.
En définitive « Le Canada salue le fait que les parties au conflit aient accepté d’entamer un processus en vue de parvenir à une résolution globale, pacifique et politique du conflit. Les parties ont également convenu de former des comités techniques pour commencer à travailler sur des mesures de confiance. »
(c) Cyrille Ekwalla – Janvier 2023