DANSE FINALE

Prix de la Danse de Montréal 2022 : L’eclectisme est récompensé.

Pour sa 12ème édition, les Prix de la Danse de Montréal ont choisi de récompenser l’engagement, l’audace et l’ecléctisme. Créés en 2011 par la danseuse,  chorégraphe et artiste multidisciplinaire Marie Chouinard pour «  saluer l’excellence des artistes en danse qui se sont produits sur les scènes québécoises, les PDM soulignent aussi le travail de gestionnaires et de personnalités qui contribuent au rayonnement de la discipline. Enfin, ils visent à réaffirmer le dynamisme de Montréal comme capitale de la danse ainsi que son rayonnement international.« .

Parmi les neuf (9) lauréat.e.s de l’édition 2022, nous retenons : Angelique Willkie, Mélanie Demers, Claudia Chan Tak et Paul Chambers,

Angélique Willkie : Prix de la danse de Montréal 2022, catégorie INTERPRÈTE

Accompagné d’une bourse de 10 000 $, ce prix  » souligne l’interprétation magistrale de cette artiste d’une grande générosité qui témoigne d’un engagement indéfectible à la discipline depuis plus de 40 ans. Quand elle est en scène, elle possède cette force magnétique, puissante, canalisatrice et renversante qu’elle partage en toute confiance et humilité. La richesse de son parcours pluridisciplinaire et son engagement à titre de dramaturge et d’enseignante transparaissent dans son interprétation. »

Angélique Willkie (photo : Kevin Calixte)

Artiste multidisciplinaire, Angélique Willkie a commencé sa formation en danse après avoir obtenu une maîtrise en économie à l’Université McGill. Diplômée de la School of Toronto Dance Theatre, elle a ensuite poursuivi une carrière en Europe où, pendant 25 ans, elle s’est produite avec des compagnies de danse et des projets indépendants dans toute l’Europe, notamment Alain Platel/Les Ballets C. de la B., Jan Lauwers/Needcompany, Sidi LarbiCherkaoui, Helena Waldmann et en tant que chanteuse avec le groupe belge de musique du monde Zap Mama, les groupes Arno, dEUS, 7Dub, DAAU, Ez3kiel, et Zita Swoon Group, avec le chanteur de jazz David Linx et les compositeurs contemporains Walter Hus, Kaat De Windt et Fabrizio Cassol.

Interprète, chanteuse, dramaturge et pédagogue, Angélique Willkie fait partie des professeurs de technique contemporaine les plus recherchés du circuit professionnel européen, enseignant à des compagnies, écoles et festivals tels que ImpulsTanz (Vienne), Henny Jurriens Stichting(Amsterdam), SEAD (Salzbourg), Wim Vandekeybus/Ultima Vez (Bruxelles), Circuit-Est centre chorégraphique (Montréal), entre autres. Elle a passé 8 ans à l’École Supérieure des Arts du Cirque (ESAC) à Bruxelles en tant que professeur et conseillère dramaturgique des étudiants ainsi que coordinatrice pédagogique de l’école sous la direction de Gérard Fasoli, actuel directeur du Centre national des arts ducirque (CNAC) en France.

Son travail dramaturgique comprend des projets de danse, de musique et de cirque-théâtre avec des artistes aussi variés que la metteuse en scène et chorégraphe belge Isabella Soupart, la trapéziste française Mélissa VonVépy et les chorégraphes néerlandais Arno Schuitemaker et Pia Meuthen/PanamaPictures. En collaboration depuis plus de 10 ans, Angélique et Pia explorent activement des approches visant à incorporer les disciplines du cirque dans les productions de danse-théâtre, en développant une esthétique hybride et un langage gestuel pleinement ancré dans les deux formes d’art.

Mélanie Demers : Prix de la meilleure œuvre chorégraphique au Québec pour l’année 2022

Née à Montréal en 1974, Mélanie Demers étudie la danse, la littérature et le théâtre à Québec avant de revenir dans sa ville natale pour suivre une formation d’interprète à LADMMI, l’école de danse contemporaine. Elle en ressort diplômée en 1996 et fait ses débuts auprès de divers chorégraphes, notamment Danièle Desnoyers, Roger Sinha et Paula de Vasconcelos. Deux ans plus tard, elle est engagée par Ginette Laurin avec qui elle travaillera pendant près de 10 ans tout en multipliant également les collaborations avec des chorégraphes émergents. En parallèle à son activité d’interprète au sein de la compagnie O Vertigo, elle mène une carrière de chorégraphe amorcée dès sa sortie de l’école.

D’emblée, son travail séduit par son originalité, sa richesse et sa complexité. Ses premières créations sont imprégnées de fantaisie et de bonne humeur, même si elle explore déjà les zones d’ombre de la condition humaine. Légère et rafraichissante dans Les Oubliettes, Failles et Le même ciel, la théâtralité se fait plus grinçante dans Mayday, créée en 2006 pour le collectif Échine Dô, une œuvre qui préfigure la dimension étrange qui la caractérise aujourd’hui. L’énergie explosive des débuts se relâche dans la sensualité de Transistor avant de se condenser dans l’intensité dramatique des œuvres plus récentes.

Mélanie Demers

Artiste socialement engagée, Mélanie Demers voyage pour enseigner la danse au Kenya, au Niger, au Brésil et en Haïti, pays d’origine de son père, où elle s’investit dans le développement de deux centres culturels. La dure réalité des pays en voie de développement et du quotidien des populations défavorisées la conforte dans l’idée que l’art n’a de sens que par sa portée politique et sa capacité à susciter la réflexion. C’est dans cette perspective qu’elle crée Les Angles morts (2006), Sauver sa peau (2008), Junkyard/Paradis (2010), Goodbye (2012) WOULD (2013) et MAYDAY remix. Et c’est parce qu’elle croit qu’il reste toujours une raison d’espérer, même dans les pires situations, qu’elle nomme sa compagnie MAYDAY, créée en 2007.

Ce prix vient récompenser son oeuvre Confession publique (interprétée d’ailleurs par Angélique Willkie) qui « … qui aborde des sujets intimes avec une grande poésie, tout en étant remarquablement nuancé. L’interprétation, la mise en scène, la scénographie et l’ambiance sonore sont en parfaite adéquation. On sent que le public a été au cœur de la réflexion de Mélanie Demers et de son équipe dans la création de cette œuvre ; il est transporté dans différentes textures, différentes émotions, différents territoires. Chaque nouveau tableau le déstabilise et l’amène ailleurs. La signature singulière et audacieuse de Mélanie Demers mérite indéniablement d’être soulignée. » selon les membres du jury.

Claudia Chan Tak : Prix pour la diversité culturelle et les pratiques inclusives en danse

 » … mettre en évidence la qualité des réalisations de Claudia Chan Tak et son engagement exceptionnel à l’égard des artistes de la diversité. Chorégraphe, conseillère au mouvement, interprète, réalisatrice ou encore vidéaste de ses propres œuvres et engagée dans de multiples collaborations artistiques, Claudia Chan Tak est aussi l’instigatrice de l’indispensable Bottin artistique et asiatique au Québec (1), en réponse au racisme vécu par les membres de sa communauté ces dernières années. Soulignons également ses initiatives audacieuses à titre de commissaire à la diversité du Festival Phénoména.« .

Artiste pluridisciplinaire basée à Montréal, Claudia Chan Tak a gradué à l’Université Concordia en Intermedia/CyberArts, Department of Studio Arts en 2009. Trois ans plus tard, elle reçoit la bourse d’excellence William Douglas pour son baccalauréat en danse contemporaine à l’Université du Québec à Montréal. Elle y termine un mémoire-création récemment dans le cadre de la maîtrise dont le sujet questionne les liens possibles entre genre documentaire, identité culturelle et danse. Le solo autobiographique qui en résulte, Moi, petite Malgache-Chinoise a été présenté au MAI (Montréal, arts interculturels) en décembre 2016.

Claudia Chan Tak

Ses autres créations chorégraphiques ont été présentées dans plusieurs festivals et théâtres, tels que OFFTA, Phénomena, Zone Homa, La Petite Scène, Art Matters et Edgy Women. Elle co-crée en 2013, 2015 et 2017 avec Louis-Elyan Martin trois pièces présentées à Tangente abordant de façon ludique des clichés de la danse contemporaine. Elle danse aussi dans de nombreux projets de la Compagnie Les soeurs Schmutt, Philippe Dandonneau et la Fanfare Pourpour.

En cinéma et en vidéo, elle se fait connaître depuis 2011 comme réalisatrice de bande-annonces pour plusieurs chorégraphes québécois dont Victor Quijada, Danièle Desnoyers, Sylvain Émard, Louise Bédard, Georges Stamos et Sophie Corriveau. Son premier court-métrage La Buvette des carnivores reçoit le prix de la Cinémathèque québécoise pour la meilleure réalisation lors du Festival Quartiers Danses en 2015 alors que Norma, réalisé en 2016, fait partie de la sélection officielle du Festival International de Films sur l’Art. Plusieurs des projets dans lesquels elle collabore à titre de chorégraphe ou d’interprète ont été présentés et récompensés au Québec et à l’international, dont la Semaine de la critique du prestigieux Festival de Cannes avec le court-métrage Petit Frère de Rémi St-Michel dont elle signe la chorégraphie.

Depuis 2013, elle s’intéresse à l’archivage du processus de création en suivant et filmant des projets chorégraphiques, dont les plus récents de La 2e Porte à Gauche. Son travail sur le projet Pluton l’emmène d’ailleurs à réaliser une première exposition solo lors du Festival TransAmériques en 2016. Sa deuxième exposition Bienvenue chez moi, petite Malgache-Chinoise, à mi-chemin entre la danse contemporaine, l’installation et la performance et réalisée avec Nans Bortuzzo, Gabriel Ledoux et Benoît Larivière sera présentée à Tangente en janvier 2018 et s’inspirera de l’oeuvre et du processus de création de son solo autobiographique de 2016.

(1) https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10159047051055890

Paul Chambers : Prix de la danse de Montréal 2022, catégorie RÉVÉLATION

Le prix RÉVÉLATION (anciennement DÉCOUVERTE), souligne au départ le travail de collaborateur·trice·s et concepteur·trice·s et il a été rebaptisé pour l’ouvrir à des artistes qui se démarquent depuis plusieurs années dans le milieu. Le lauréat 2022, Paul Chambers, se voit récompensé  » … de manière exceptionnelle par une triple réalisation : dans Vega, une œuvre d’Emmanuel Jouthe, à Danse Cité ; Efer, une œuvre de Parts&Labour, à Danse Danse ; sans oublier sa prestation étonnante comme interprète dans Cabaret noir, une œuvre de Mélanie Demers, à l’Agora de la danse. Depuis plus d’une décennie, l’apport de cet artiste de la lumière, en constante évolution, est essentiel. Avec sa signature singulière et marquante, il participe à la dramaturgie et à la richesse de l’œuvre chorégraphique. Son expertise est précieuse et recherchée. Paul Chambers cumule différentes fonctions, en étant tour à tour celui qui dirige, celui qui interprète et celui qui enseigne. ».

Paul Chambers

Paul est diplômé du Collège John Abbott dans le programme de théâtre professionnel, spécialisation en design, en 2005. Alors qu’il est encore étudiant, il commence à concevoir l’éclairage et la scénographie pour de nombreuses productions théâtrales indépendantes de Montréal et d’Angleterre. De 2005 à 2007, Paul travaille à l’école F.A.C.E. en tant que concepteur, technicien et entraîneur, poursuivant une tradition de création d’impressionnantes scénographies professionnelles pour accompagner le théâtre jeunesse.

Son premier crédit de conception d’éclairage pour la danse est venu avec l’inauguration de la première édition de l’événement populaire Wants & Needs Piss in the Pool (2005). De 2008 à 2013, Paul est directeur technique de Tangente, un diffuseur de danse contemporaine à Montréal. Au cours de ces cinq années, il a encadré 16 techniciens émergents et a commencé à collaborer en tant que concepteur sur de nombreuses productions de danse.

L’enseignement d’ateliers a également été une partie importante de son développement en tant qu’artiste et mentor. Au Studio 303, il enseigne chaque année un atelier de conception d’éclairage pour les artistes émergents. Un cours qu’il a également donné pour En Piste et QDF. En 2013, avec son collègue designer et éducateur David-Alexandre Chabot, ils inaugurent CHA, un collectif de design visant à créer et partager des œuvres basées sur le design avec des artistes de différentes disciplines. Ce qui unifie l’ensemble du travail de CHA est la manière dont il communique avec les gens, chaque production défiant le public de se placer au centre de la proposition et de la vivre de l’intérieur. Paul étudie et explore continuellement les arts visuels, où il mélange sa passion pour l’éclairage avec des installations in-situ et en galerie. Pour en savoir plus sur Paul Chambers, son site internet : www.paulchambers.ca

 

Les autres prix ont été attribués à Catherine Gaudet ( Grand Prix de Danse de Montréal), Priscilla Guy ( Prix Étincelle / danse contemporaine), Ginette Chagnon ( Prix Ethel Bruneau / directrices et directeurs de répétitions), Lydie Revez et Mickael Spinnhirny ( PDM, cat. Gestionnaire Culturel.le), Lucie Boissinot ( PDM, cat. Contribution exceptionnelle)

L’organisme à but non lucratif LES PRIX DE LA DANSE DE MONTRÉAL a comme mandat de travailler à la promotion de Montréal comme centre international de création et de diffusion en danse, de valoriser le dynamisme des personnalités, organismes et institutions œuvrant dans le domaine de la danse, notamment en remettant des distinctions honorifiques telles que le GRAND PRIX de la danse de Montréal.
Pour en savoir plus : http://prixdeladanse.com/

(c) Neoquébec – Nov. 2022

 

 

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