COVER TOP12

NEOQUÉBÉCOISES ET NEOQUÉBÉCOIS DE L’ANNÉE 2021

En rentrant dans l’année 2021, il y a douze mois, l’on savait toutes et tous quelle serait la seule constance entre les deux années : comment vivre avec la pandémie de la covid-19. Tout le reste ne serait que découverte ou confirmation. Et 2021 n’a pas dérogé à cette règle.

Au-delà des faits, des femmes et des hommes se sont démarqué.e.s au cours de cette année. Nous avons sollicité quelques personnes, afin qu’elles établissent une liste de personnes marquantes de l’année 2021(*), d’où nous avons sorti un TOP 12 des neoquébécoises et neoquébecois de l’année 2021.

En images et en textes, elles et ils sont :

MAMADI CAMARA

Mamadi Camara personnifie celles et ceux qui  sont, plus que souvent, victimes de bavures policières à Montréal.. Arrêté le 28 janvier et mis en détention, il lui était reproché d’avoir désarmé et blessé un policier du Service de police de la Ville de Montréal dans la soirée du 28 janvier au cours d’une opération de police. Malgré son insistance à clamer son innocence, le SPVM semblait sûr de son fait jusqu’au 3 février, date à laquelle Mamadi Camara a été libéré, après que le SPVM ait admis son erreur et n’ayant aucune charge contre lui. Cette arrestation a fait grand bruit au Québec et au Canada, elle a suscité une grande vague d’indignation à travers le pays, et a contribué à creuser encore plus le fossé entre le SPVM et un pan de la population noire de Montréal. Aujourd’hui, Mamadi Camara, qui estime avoir été victime de profilage racial, poursuit le SPVM et le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) et réclame des dommages de 1,2 million de dollars.

 

FARAH ALIBAY

 » La fille aux cheveux rouges qui travaille à la NASA« . De cette particularité,l’ingénieure aérospatiale Farah Alibay en a fait une force. Avec ce rire permanent qui lui barre le visage, c’est grâce à une détermination et une volonté sans faille que la fille de Joliette – issue d’une famille originaire de Madagascar – a rendu fier le Québec, après sa participation active à la dernière mission de la NASA sur Mars, en y faisant atterrir le robot Perseverance.
L’année 2021 n’a pas seulement vu Farah Alibay coordonné l’atterrissage et la navigation de ce robot sur Mars, elle aura surtout été inspirante. Par son travail et sa capacité à le vulgariser, son impact a été indéniable. Farah Alibay a suscité des vocations et conforté de nombreuses jeunes filles, à travers le Québec et ailleurs, dans leurs rêves et ambitions, ceux de se projeter dans l’avenir et de croire en leurs capacités à exercer pleinement dans les métiers des STEM et à y détenir les plus grandes responsabilités.

 

FADY DAGHER

 » Courage, Confiance, Patience, Résilience, Pardon » sont les cinq piliers sur lesquels repose le leadership de Fady Dagher, chef du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) depuis le 6 fevrier 2017.
Rarement, un chef de police d’un grand centre urbain aura autant fait parler de lui en cette année en des termes souvent peu accolés à la police. Chez ce « libanais de Côte-d’ivoire« , le corps policier peut et doit être transformé. Issu de l’immigration, il comprend mieux et plus vite que d’autres de ses collègues certaines situations, raison pour laquelle il n’aura de cesse de lutter contre le profilage racial, social et contre l’exclusion. Ne dit-il pas, pour l’avoir vécu que  » toute répression absurde a des répercussions qui peuvent s’avérer néfastes et qu’on doit éviter à tout prix« . Et pour ce faire, la police, tout en gardant ses fonctions premières de sécurité et de protection, doit donner la priorité à la concertation plutôt qu’à la répression.
Alors que personne parmi ses pairs n’y croyait au début, cette approche originale, inédite implantée par Fady Dagher au SPAL commence à avoir des effets et à faire des émules dans d’autres services de police de la province.

 

GRACIA KASOKI KATAHWA

Gracia Kasoki Katahwa est entrée dans l’histoire depuis le mois de novembre 2021 en devenant la première mairesse noire élue d’un arrondissement de la ville de Montréal. Son élection à la mairie de l’arrondissement NDG/CDN pour cette nouvelle venue en politique, (originaire de la RDC, élevée à Ste-Foy), a été le  » Waouu » pour ce vent de fraîcheur aux municipales il y a quelques mois. Elle incarne le renouveau dans le monde politique municipal à travers la province : jeunesse – parité -diversité. Un renouveau que certaines veulent aussi voir à l’échelon provincial, notamment lors des prochaines élections d’octobre 2022.
À l’image des nombreuses autres élues neoquébécoises à travers le pays, le parcours de Gracia Kasoki Katahwa (GKK) est l’exact reflet de ces québécoises et québecois, de 2ème ou 3ème génération d’immigrants,  ou encore né.es au Québec, éduqué.es, formé.es, et qui prennent leur place et contribuent à l’essor de la société, sans attendre l’approbation de qui que ce soit. Et c’est le Québec qui en bénéficie.

Bonus : https://www.facebook.com/search/top?q=gracia%20kasoki%20katahwa

TAI TL

Un concept éculé : matcher un gars et une fille ;  un téléphone, une application : Instagram… Et le coup d’essai s’est transformé en tsunami médiatique. Occupation Hood était lancé en pleine pandémie par un jeune homme de 19 ans, vivant à Montréal-nord. TAÏ, de son vrai nom Taï Laguerre, a affolé les soirées télévisuelles du dimanche à Montréal.

De semaine en semaine dès le mois de mars 2021, le nombre de vues n’a cessé d’augmenter, faisant de « Occupation Hood », the place to be. Parmi les viewers, outre le grand public, on y retrouvait aussi des des personnalités néquébécoises : chroniqueuses et chroniqueurs de médias mainstream, humoristes, journalistes, influenceurs web, artistes, professionnels divers… toutes et tous dans l’attente du… moment-punch : la sanction de TAÏ qui consistait juste en deux syllabes :De-Hors ! Un succès rapide et sans artifices, qui conduira le jeune homme sur la scène de l’Olympia, invité par le Festival Juste pour rire en juillet 2021. L’un des moment forts de ce rendez-vous « Instagram Live » sera atteint le 19 septembre 2021 lorsque Occupation Hood a été en 1ère place des tendances Twitter surclassant la cérémonie des Emmy Awards et l’émission Tout le monde en parle. (source : Influence communication). 

Là où beaucoup ont vu un phénomène, d’autres y ont vu une réalité. Celle d’une jeunesse lassée de ne pas se reconnaître dans les médias grand-public, et à la recherche d’autre chose. Et c’est à cette demande qu’a répondu Tai et son concept Occupation Hood : rompre la solitude accrue par la pandémie en facilitant le dating entre jeunes, dans une ambiance et un espace libre et respectueux, via un nouveau media.

Bonus : https://www.instagram.com/tai_tl/?hl=fr

KHADIJA EL BOUHAHI

Khadija El Bouhahi s’est fait connaître au Québec et plus particulièrement dans le monde entrepreneurial grâce à sa marque de couscous Cousmos. Elle se fait d’ailleurs appeler « Mme Couscous ». Ne dit-elle pas que :  » Le couscous c’est ma racine. J’y tiens, mais il faut l’adapter au Québec et à la nouvelle vie. Je dis régulièrement que nous, les immigrants, nous sommes comme des arbres. Nous avons des racines que nous devons absolument garder. Et puis, nous avons les branches qui doivent s’adapter ». Et c’est pourquoi , elle a adapté son couscous en trois saveurs : saveur berbère du Maroc (dont elle est originaire) avec viandes et légumes, couscous végétarien, et la 3ème saveur adaptée à la québécoise : le couscous-terroir aromatisé au sirop d’érable à base de semoule de maïs.

Issue du monde communautaire, elle ne s’en est jamais vraiment éloignée, malgré le succès de sa marque, bien implanté dans les épiceries IGA. En 2021, cette adepte du leadership rassembleur a vu son projet communautaire se concrétiser. Elle a rassemblé autour d’elle, d’origine marocaine, huit autres femmes venues du Cameroun (Hikmath Eyitayo), d’Italie (Maria Garramone), du Japon (Reina Sakao), d’Iran (Sahar Samandarian ), de France (Juliette Brun), d’Haïti (Marie-France), de Colombie (Paula Beltran), et une cheffe innu (Dorothée Rousselot) pour proposer des recettes de leurs pays d’origine, rassemblées sous le nouveau produit La Cheffe et distribué dans les épiceries Sobeys/Iga.

Bonus : https://www.iga.net/fr/produits_a_decouvrir/prepare_pour_vous/lacheffe

BALARAMA HOLNESS

En novembre dernier, Balarama Holness a été candidat à la Mairie de Montréal sous la bannière de Mouvement Montréal, le parti qu’il a fondé et dont il est le chef. Malgré sa volonté de proposer une troisième voie crédible, il a malheureusement été défait, arrivé en 3ème place (derrière Valérie Plante et Denis Coderre) avec 7,2% ( 30 200 voix).

Il aura marqué cette année 2021, par sa présence et celle de son mouvement politique dans cette élection, mais aussi de par les prises de position (statut politique de Montréal, la dualité linguistique français/anglais, la réforme du SPVM…) qu’il aura eu tout le long de la campagne, mettant en avant les préoccupations d’une certains nombre de personnes. Au-delà des bons coups et des mauvais coups de sa campagne, il aura tout mis en oeuvre pour que la course à la mairie ne se résume pas à un duel Plante-Coderre.

En guise de rappel, Balarama Holness a acquis une notoriété politique, lorsque après sa défaite en 2015 comme candidat à la mairie de l’arrondissement de Montréal-nord, il a lancé une pétition signée par 22 000 Montréalais pour « forcer le gouvernement municipal de Montréal à lancer une enquête publique sur le racisme et la discrimination systémiques dans la ville. Cela l’a conduit à fonder Montréal en Action, une organisation de base qui promeut l’éducation et la participation citoyenne comme moyen d’aborder le racisme systémique, l’égalité, l’inclusion et la justice à Montréal. » comme indiqué dans sa biographie.

Bonus : https://www.balaramaholness.com/

NARGESS MUSTAPHA

 » La patience a des limites quand on voit que les gens sont en détresse ! » Cet extrait d’un propos de Nargess Mustapha résume à lui tout seul l’engagement de cette femme à « se plier les manches » et à s’impliquer depuis des années à soulager les maux de sa communautés de vie à Montréal-Nord et tenter d’y apporter des solutions.

Nargess Mustapha est pourtant l’une des figures de Montréal-Nord quant à la lutte quotidienne pour que le tissu social de cet arrondissement ne se déchire entièrement. Cheville ouvrière de l’engagement communautaire, cette militante de la première heure, est la co-fondatrice de l’organisme Hoodstock dont elle préside le Conseil d’administration. Tout comme celui de la Table de Quartier de Montréal-Nord.

Dire qu’elle évite les médias serait exagéré, mais elle ne court pas non plus vers eux. Elle préfère  » le travail de terrain, de réflexion, de planification ... » nous rapporte une de ses amies. Et pourtant, il a fallu qu’elle aille parfois au-devant de ces médias ou répondre à leurs sollicitations durant cette année 2021, tant les organismes qu’elle chapeaute ont été actifs pour répondre aux urgences et autres besoins des populations, à cause de la pandémie. Hoodstock a été plus que présent durant cette année à Montréal-Nord et c’est cette présence qui fait de Nargess Mustapha, une des personnalités de l’année 2021.

Bonus : https://www.hoodstock.ca/

NANKASSA BOUCAL

Pour montrer son attachement à cette terre d’accueil, il se définit comme un Québégalorimouskois ! Lenine Nankassa Boucal a fait du Bas-St-Laurent son fief et a décidé de faire sa part en tant que citoyen. Ce qu’il fait de fort belle manière.

Depuis bientôt cinq ans (ce sera effectif au mois d’avril prochain), cet originaire de la Téranga (terre hospitalière du Sénégal) a semé le Cabaret de la Diversité à Rimouski. Pourquoi Rimouski ? «  Après avoir vu bien des endroits au Québec, j’ai choisi Rimouski parce qu’elle réveille en moi des souvenirs d’enfance. Ça fait partie de mon identité et pour moi, l’identité n’est pas une affaire de couleur ou de race; l’identité c’est une foule de choses et l’amour du fleuve, ça fait partie de mon identité. » lance-t-il.

Si les Bas-laurentiens et les Rimouskois en particulier mettent en avant l’attractivité de leur région, de leur ville auprès des immigrants, c’est aussi en grande partie grâce au Cabaret de la Diversité et autres initiatives, menées par Nankassa Boucal, afin de promouvoir le vivre-ensemble en région, non comme un slogan ou un programme politique, mais plutôt comme une réalité-terrain.

Malgré la pandémie, Nankassa Boucal a réussi à propulser encore plus loin cet ancrage dans la région du Bas-St-Laurent, en lançant par exemple la première édition de son nouveau projet de rapprochement interculturel, le Festival Franco-rires :  » Le Franco Rires se veut une façon de célébrer la diversité tout en célébrant la francophonie, qui est pour moi une grande famille, tout en étant une façon d’encourager le mieux vivre ensemble. Le français nous unit et nous réunit au-delà des différences de culture et d’accent. Je crois qu’on peut utiliser l’art, dans ce cas. Faire de Rimouski une destination annuelle où toute personne humoriste parlant français à travers le monde pourrait venir présenter son spectacle, c’est un des rêves que je caresse avec ce projet Franco Rires. J’aimerais que Rimouski devienne une destination en ce sens. « .

Bonus : https://www.facebook.com/diversitebsl/  

 

 

LEYLA ANNIE FERNANDEZ

En 2021, Leylah Annie Fernandez se trouve être la joueuse de tennis canadienne la mieux classée au monde à la fin d’une saison pour la première fois de sa carrière. Elle est passée du 88ème rang en 2020 au 24ème rang mondial du championnat WTA (Women RTennis Association). En septembre dernier, Leylah Fernandez a déjoué tous les pronostics et a créé la surprise en participant à la finale des Internationaux des Etats-Unis (où elle a malheureusement perdu contre la britannique Emma Raducanu.

Issue d’une union entre un père Équatorien et une mère philippine, Leyla Fernandez, native de Montréal, mais qui vit à Laval a toujours cru en ses capacités à atteindre des sommets. Pour son père, qui est aussi son entraîneur :  » Lorsque la décision fut prise en famille de permettre à Leyla de poursuivre une carrière professionnelle, l’objectif a été clair dès le début : nous voulions être numéro 1 ! Bien sûr, beaucoup de gens vont nous trouver prétentieux ou fous, beaucoup de gens se moqueront de cet objectif pour de nombreuses raisons. Mais pour nous, c’est ce en quoi nous croyons. Nous y croyons vraiment, nous le respirons. ».

La famille Fernandez se donne les moyens de concrétiser ce rêve et 2021 n’en a été qu’une étape. Au vu des dernières nominations que l’athlète reçoit en ce moment, notre choix d’avoit Leyla Fernandez dans le Top 12 ne s’en trouve que plus juste et mérité.

Bonus : https://twitter.com/leylahfernandez

 

TIFFANY CALLENDER

Tiffany Callender est la Directrice générale de l’Association de la communauté Noire de Côte-des Neiges depuis 2013. Femme d’impact, elle est en recherche permanent de résultats et l’année 2021 lui en a encore donné l’occasion. Depuis quelques mois, elle est la 1ère CEO de la Fédération Africaine Canadienne de l’Économie / Federation of African Canadian Economics (FACE).

À la fin de 2020, Tiffany Callender a créé un groupe lobbyiste afin de parvenir à obtenir un fonds fédéral pour aider les entreprises et entrepreneurs de la communauté noire. En fevrier 2021, voici ce qu’elle disait : « Alors que les petites et moyennes entreprises et les entrepreneurs indépendants du Canada ont été confrontés à des enjeux significatifs, notamment des licenciements et fermetures pendant la pandémie, les entrepreneurs noirs sont confrontés à un fardeau encore plus lourd, en partie à cause de l’inégalité structurelle, de la discrimination et de l’accès aux soutiens nécessaires. L’accès à ces prêts aidera non seulement à soutenir les propriétaires d’entreprises et les entrepreneurs noirs, mais aussi à créer des emplois et à soutenir leurs familles, leurs communautés et l’économie canadienne« .

Le gouvernement canadien et certains institutions ont répondu à l’appel et depuis environ sept mois, a été mis en place un fonds baptisé Black Entrepreneurship Loan Fund et qui, à la date du 10 décembre 2021 avait déjà accordé pour près de 10 M$ de prêts à des entreprises, selon les dires de Tiffany « Money woman » Callender.

Bonus : https://facecoalition.com/fr/

STEVENS & INÈS

C’est le couple d’Inès et Stevens qui a remporté la finale de la téléréalité « Occupation double dans l’Ouest » cette année, empochant par la même occasion un pactole de 600 000$ ! Les milliers de téléspectatrices et téléspectateurs ont été séduits par la complicité et l’histoire d’amour qui se déployait sous leurs yeux devant leurs petits écrans.

Cette victoire est la première d’un couple entièrement neoquébécois et marque l’histoire de la téléréalité de dating, puisqu’en quinze saisons, Stevens est la première personne noire à être élu gagnant d’Occupation Double : «  Je suis le premier homme noir à gagner Occupation Double, mais en même temps, on a fait quelque chose de plus grand que nous. C’est sociopolitique et c’est l’fun de voir qu’on a rendu les gens fiers de nous. À cause de notre couple, on a même poussé des immigrants qui n’écoutaient pas OD à regarder l’émission. ». Inès renchérit en disant :  » Ça nous montre une grande ouverture d’esprit au Québec. C’est tellement beau et on est vraiment reconnaissants. Ça fait du bien de se sentir supportés par le Québec. En plus, on n’a pas reçu de commentaires déplacés ou racistes à la sortie de l’émission et je suis vraiment émue et contente de ça. « . Vivement 2022.

 

(*) Cette liste émane d’une compilation de 15 listes distinctives comprenant 10 noms chacune, proposées par 14 personnes extérieures à notre rédaction + la liste interne de Neoquébec.

(c) NeoQuébec – Déc. 2021

 

 

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